L'histoire d'Euphoria

Une petite île située entre l'Amérique et l'Europe, nommée Euphoria, se forma vers les années 2030. Quelques humains y immigrèrent.

La vie à Euphoria est si paisible. Les adultes travaillent, sont heureux. Les enfants jouent, aiment l’école. Tout le monde semble si serein…
Le petit garçon qui vient d’arriver sur la plage doit avoir peut être une dizaine d’années. Il vient de sortir de l’école et court sur le sable, si vite qu’il en ai presque à tomber à chaque foulée. Il rit à gorge déployée, heureux de vivre. Et soudain, il trébuche. Sa joie s’efface sous sa grimace de douleur. Le destin tragique a déjà commencer son œuvre. L’enfant se relève et tourne en rond, le regard fixé sur le sol, à la recherche de l’inconscient ayant provoqué sa chute. Il s’arrête soudain de tourner et regarde avec intérêt un point sur le sable. Petit à petit, son sourire lui revient. Il se penche et ramasse une grosse pierre à moitié enfouie. Elle est bien trop lourde pour lui et il est obligé de se mettre à genoux pour mieux la voir. Il ne sait pas ce qu’est cette chose étrange et porée comme une éponge. Mais cela lui importe peu. Il a déjà pardonné à la pierre de l’avoir fait chuter et ses yeux d’enfant s’émerveillent devant une telle splendeur. Il soulève tant bien que mal sa découverte, bien décidé à la faire partager au monde.
Il ne peut pas courir mais marche à bon train et quitte la plage. Il prend la direction de chez lui et entre en clamant haut et fort :
-Maman, maman !! Regarde ce que j’ai trouvé dans le sable !!
Ses parents sourient devant sa bonne humeur et sa joie toute enfantine. Le garçon pose sa pierre sur sa table de chevet comme un trophée. Il la nettoie avec toute la précaution du monde, la gratte pour enlever les saletés les plus tenaces. Il ne se rend alors pas compte que la poussière qu’il dégage ainsi s’élève au-dessus de lui, pour finir par être aspirée par sa respiration extasiée.

Le garçon est malade. « Un petit rhume de rien du tout » a dis le médecin, « il peut parfaitement aller à l’école ». Alors le garçon va à l’école. Mais quand il rentre, toute la classe a un « petit rhume », sa maman et son papa aussi…et le médecin…
L’enfant sent son corps changer. Il voit une ombre étrange apparaître à ses côtés, de plus en plus nette chaque jour. Une ombre…qui devient alors un animal. Et l’animal parle !! L’enfant a peur…mais l’animal est gentil. Il lui ressemble. Il ne veut plus le quitter.
Mais l’enfant voit bien que son corps n’est plus le même. Il se sent différent. Ses parents, le médecin et ses camarades de classe ont été enfermés avec lui dans une grande pièce blanche sans fenêtres. Et avec eux, autant d’étranges petits animaux parlant. Des docteurs en blouses blanches les observent à travers une grande vitre.
Le garçon ressent soudain une drôle d’impression vers son bras. Comme un léger picotement… Il baisse la tête. Horreur !!! Le garçon hurle !! Son bras a pris feu !! Et tout le monde hurle !! Des torrents d’eau envahissent la pièce ! La terre tremble !
D’immenses bourrasques de vent frappent sans relâche la vitre qui se brise sous le choc. Alors tout le monde sort et pousse les autres en criant. L’enfant court jusque chez lui. Mais sur sa table de chevet il n’y a plus rien. La grosse pierre n’est plus qu’un petit tas de poussière grise…
Les médecins le rattrapent, lui et tous les autres, et les enferment encore dans plusieurs hôpitaux pour permettre aux chercheurs de les étudier. Et personne n’en parle. Le sujet est clos. La presse garde le secret. Jusqu’à ce qu’un journaliste un peu trop curieux apprend par hasard les recherches des médecins.

Euphoria,

27 juillet 2056

Un pathologiste de grande renommée a ce matin fait une découverte qui risque de bouleverser notre si paisible Euphoria. Grâce à ses recherches pratiquées sur de nombreux patients incurables de plusieurs établissements du continent, le scientifique a découvert un virus inconnu chez ces patients. Le problème est qu'il découvre bien rapidement que ce virus contagieux. Le Dr Milder est actuellement en charge de trouver un vaccin à cette maladie.

Les gens s’extasient devant une si bonne nouvelle. Certains voient en cette découverte un remède à leur maladie. Mais le journaliste n’a pas précisé de quel maladie il s’agissait. Il voulait qu’on parle de lui, qu’on lui permette de fouiller encore plus dans les affaires de l’État. Son désire n’étant pas que le sien mais aussi celui du peuple, le gouvernement ouvre le dossier au journaliste qui peut alors raconter à sa guise tous les dessous de l’affaire.
Mais l’euphorie du peuple s’estompe. Cette maladie est dangereuse et il le sait. Alors il s’éloigne et ne s’intéresse plus au journaliste. Il lui dit de se taire et de ne plus parler de ça. Mais lui ne voit pas ce soudain retournement de situation d’un très bon œil. Sa réputation en tant que reporter baisse et les journaux ne veulent plus de ses articles.
Alors il prend une décision. Une décision qui va sceller le sort de l’humanité.
Il ressort ses dossiers et prend en note tous les hôpitaux dans lesquels les humains « anormaux »ont été enfermés. En pleine nuit, il prend sa voiture et se dirige vers les établissements aussi vite qu'il le peut. Un à un, il les visite et ouvre les portes. Il pousse les malades dehors, faisant sonner toute les alarmes de police de la ville. Mais ils ne sont pas assez nombreux et arrivent trop tard…les malades sont déjà sortis, heureux de pouvoir reprendre goût à la liberté. Ils courent et répandent partout où ils peuvent leur étrange maladie. Et partout, d’étranges ombres en forme d’animaux apparaissent.
Mais le Dr. Milder a déjà fini son travail. Son vaccin est au point. Tous les habitants, ou du moins ceux qui peuvent, accourent à ses côtés.
Le vaccin fonctionne…ils sont guéris. Mais les ombres sont toujours là…et elles ne partiront jamais. Par ailleurs, les humains ne veulent pas qu’elles partent. Ils les aiment et oublient bien vite leur origine.

Le journaliste a réussi à ne pas se faire prendre. Satisfait de lui, il attend. Mais la situation le dépasse et il attend encore, terré et apeuré dans son coin. A quelques minutes de sa mort, il écrit ce dernier article que tous les journaux s’arrachent en le maudissant :